L’égarement du pouvoir politique algérien
La situation actuelle de l’Algérie apparaît pour certains comme sans issue. Cela est dû au fait que les gens reproduisent toujours la même chose.
Le management et le leadership sont au cœur de la problématique algérienne. Le management et le leadership, bien qu’étant des formes différentes d’expression du pouvoir, n’en sont pas pour autant mutuellement exclusifs. Un individu peut – et surtout, doit – exercer ses fonctions de management tout en faisant montre de leadership.
Cette situation d’égarement dérive du fait que les gouvernants, dans la quasi majorité, font mal les mauvaise choses.
Il importe ici de bien distinguer la différence fondamentale entre le management et le leadership. Le management consiste en la gestion quotidienne des activités d’une organisation. Les préoccupations d’un gestionnaire concernent la façon de faire les choses. Un gestionnaire a la mission de bien faire les choses conformément aux directives antérieurement formulées. Tel un artisan du présent, il gère la quotidienneté organisationnelle au moyen de règles provenant du passé. C’est en ce sens qu’il est permis d’affirmer que la stratégie du gestionnaire correspond à la rétrospection. Son intelligence formelle, soit sa connaissance de la logistique organisationnelle inhérente à son statut hiérarchique, lui permet d’entreprendre un mouvement conforme aux règles et aux procédures. Il sait «comment faire» les choses.
Le leadership, expression personnelle du pouvoir de l’individu, est animé quant à lui par l’obligation de faire les bonnes choses. Le leader œuvre essentiellement au chapitre du «quoi faire». Il est motivé non pas par l’exécution des tâches journalières, mais plutôt par la conceptualisation des objectifs de demain. Le leader se caractérise par sa vision de l’avenir. Il est un architecte du futur exploitant une stratégie prospective. L’édification du monde à venir est possible grâce à la promotion congrue des intérêts nécessaires à la magnétisation envoûtante des participants au projet à travers de son charisme produit par la mise en valeur de la personnalité, ou à la résolution appropriée d’une problématique incontournable à travers son pouvoir professionnel produit par la possession de l’expertise.
De plus, il sied de préciser que la promotion d’intérêts nécessite de la part du leader politique l’utilisation idoine de l’intelligence situationnelle, soit la capacité de s’adapter au caractère foncièrement changeant de l’être humain à travers sa connaissance de la nature humaine. Le leader politique est avant tout un psychologue qui sait philosopher. Pour sa part, le leader charismatique peut difficilement compter sur la force de sa personnalité s’il ne possède pas une intelligence émotionnelle aguerrie. Effectivement, la compréhension du rôle de ses émotions par la connaissance de soi s’avère essentielle à l’expression inspirante de l’influence exercée sur les autres. Enfin, le leader professionnel doit sa compétence à son intelligence conceptuelle par la connaissance de la matière inscrite dans son champ de spécialisation. Il est un spécialiste pleinement reconnu par son milieu.
Un leader est habile politiquement s’il est capable de saisir correctement les véritables enjeux d’une conjoncture (perspicacité) afin de se comporter de façon authentique et crédible (virtuosité) pour, ultimement, influencer significativement les actions des membres de son environnement (efficacité). Il va sans dire qu’une telle capacité de décodage stratégique et d’ajustement comportemental se révèle fort précieuse dans un contexte balisé par l’incertitude et la compétitivité. Le leadership s’actualise par l’activation des trois sources personnelles de pouvoir, soit l’occasion, la personnalité et l’expertise. Conséquemment, le leader exercera de l’influence sur son milieu au moyen de son pouvoir politique, charismatique ou professionnel.
Pour solutionner la problématique algérienne il est impératif de suivre une approche pédagogique permettant un changement de perception. En effet, suite à cette révolution tranquille, le filtrage effectué par les gens ne peut être qu’assujetti à l’unicité de leurs idiosyncrasies (manière d’être particulière à chaque individu qui l’amène à avoir tel type de réaction, de comportement qui lui est propre) et à l’imperfection de leurs capacités perceptives et cognitives. Les gens seront inéluctablement victime de biais, ou déformations, psychologiques propres à leurs histoires de vie personnelle et à l’état de leurs acuités sensorielles. Il est nécessaire de savoir que les biais psychologiques sont classés en deux grandes catégories : les biais psychologiques antérieurs, et les biais psychologique immédiats.
Les biais psychologiques antérieurs font référence à la tendance toute naturelle à voir ce que nous croyons. La perception de la cible est furtivement conditionnée par son système de croyances s’étant développé au fil des ans. Quant aux biais psychologiques immédiats, ceux-ci traduisent la disposition commune à croire ce que nous voyons. Se manifestant à l’instant du moment présent, la perception de la cible, privée d’ajustement correcteurs intellectuels, ne peut être qu’imparfaite.
La connaissance de l’existence de ces biais psychologiques se révèle des plus précieuses quant à la compréhension éclairée de certaines réactions surprenantes des cibles aux tentatives d’influence opérées par les agents émetteurs. En effet, il est étonnant de constater qu’une demande apparemment légitime formulée par l’agent peut susciter chez une cible une vive opposition et chez une autre un enthousiasme délirant. Les déformations inconscientes de la perception du réel par les cibles sont souvent à l’origine des effets inattendus de l’exercice du pouvoir politique.
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