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Ammar Hadj Messaoud, Ing.; M.SC.

Archives mensuelles : mai 2023

L’entrepreneur, le manager et le technicien : la problématique de la gouvernance des organisations algériennes

Nombreux sont ceux qui se demandent ce que les entrepreneurs d’entreprises exceptionnellement prospères savent de plus que les autres. L’expérience a montré que ce n’est pas ce que ces entrepreneurs savent qui les rend exceptionnellement bons dans les affaires industrielles et institutionnelles, c’est leur insatiable soif d’en savoir plus. Le problème de la plupart des dirigeants des entreprises et des institutions algériennes en difficulté n’est pas qu’ils ne connaissent pas grand-chose à la finance, aux opérations, au marketing et à la gestion, mais qu’ils consacrent leur temps et leur énergie à défendre ce qu’ils croient savoir, c’est-à-dire qu’ils restent fortement ancrés dans une vision technique et instrumentale de l’organisation et de la gestion.

Il faut comprendre que la croissance d’une entreprise ou d’une institution exceptionnelle est un processus continu de développement de l’appariement du leadership et du management pour se situer dans la zone de productivité globale. Cette fascination pour la croissance n’est pas la même que la fascination pour la réussite telle qu’elle est perçue habituellement, c’est-à-dire atteindre un point final qui permet à quelqu’un de dire qu’il l’a fait. Les points d’arrivée de la croissance d’une entreprise ou d’une institution exceptionnelle sont immédiatement remplacés par des points de départ. Ces points de départ déterminent le processus passionnant du développement continu du « sens » et de la « conscience » des dirigeants (entrepreneurs), qui ne peut se faire qu’en prêtant attention à ce qui se passe et en étant présent dans l’instant et dans le futur en balisant la voie de la prospérité continue.

Pourquoi, en Algérie, la gouvernance des organisations est la proie d’une crise entrepreneuriale? Pour comprendre cette confusion, il convient d’examiner de plus près les gens qui dirigent les affaires entrepreneuriales et institutionnelles.

La vérité est que beaucoup de ces personnes ont commencé à travailler dans le domaine technique. Il ya une hypothèse, ou croyance, fatale chez la plupart des dirigeants des entreprises et des institutions algériennes. Ils partent du principe que comprendre les aspects techniques d’une entreprise ou d’une institution équivaut à comprendre l’entreprise ou l’institution elle-même. C’est une hypothèse fatale, car les deux sont complètement différents. En fait, cette croyance est la principale raison pour laquelle la plupart des entreprises et des institutions algériennes sont en régression continue en termes de ROI, de cash flow et de bénéfice net.

L’économie et la gouvernance algérienne est en proie à une crise entrepreneuriale (appariement du leadership et du management) du fait de la faiblesse des écoles de management en développement entrepreneurial, d’une part et de la nature économique du pays qui est basée sur la gestion de la rente, d’autre part.  Pour comprendre cette confusion, il convient d’examiner de plus près les gens qui dirigent les organisations algériennes.

La majorité des dirigeants des organisations algériennes sont avant tout des techniciens dans leurs domaines. Ils s’élèvent sur l’échelle hiérarchique sans élever leur état d’esprit pour être de véritables entrepreneurs et ne savent pas comment faire fonctionner l’entreprise ou l’institution dans une totale harmonie pour une croissance continue. En Algérie, chaque dirigeant d’organisation est en fait trois personnes en une : l’entrepreneur, le gestionnaire et le technicien. Une guerre se déroule à l’intérieur de chaque dirigeant d’entreprise. Il s’agit d’une bataille à trois qui conduit à des conflits où, malheureusement, personne ne peut gagner. Pour comprendre pourquoi, il faut connaître les différences entre l’entrepreneur, le gestionnaire et le technicien.  

La personnalité de l’entrepreneur est celle du visionnaire. Il transforme chaque condition en opportunité. Il vit dans le futur et il est le plus heureux lorsqu’on le laisse libre d’imaginer le « Quoi faire relatif aux bonnes choses » et le « Comment faire les bonnes choses ». C’est un innovateur qui conçoit de nouvelles méthodes pour infiltrer et générer de nouveaux marchés tout en assurant la satisfaction de toutes les parties prenantes leurs offrant une valeur réelle.

L’entrepreneur a un besoin exceptionnel de contrôle, c’est-à-dire le contrôle idéologique de la pensée systémique. Vivant dans le futur, il doit contrôler et aligner les personnes et les actions dans le présent afin de se concentrer sur ses idées, les canaliser dans la voie de la croissance. En tant qu’innovateur, il désire le changement. Il crée beaucoup de chaos, ce qui inquiète ceux qu’il associe à ses projets.

En conséquence, il se retrouve souvent en avance sur les autres et doit faire de gros efforts pour entraîner ses partisans. Voyant le monde rempli d’un surplus d’opportunités et de trainards, l’Entrepreneur considère la plupart des gens comme des problèmes qui ne font qu’entraver la réalisation de son rêve.

L’entrepreneur, c’est un leader transformationnel qui centre son leadership en s’appuyant sur les six niveaux de fonctionnement humain. Le cadre de son leadership est centré par  l’approche de la pensée systémique qui est soutenu par six compétences naturelles de leadership, tel que montré par la figure suivante.

Le gestionnaire, ou manager, est un homme de terrain qui déploie la stratégie conçu par l’entrepreneur visionnaire. Sans lui, il n’y a pas de planification ni d’ordre. Contrairement à l’entrepreneur, la personnalité du manager vit dans le passé, a besoin d’ordre plutôt que de contrôle, voit constamment des problèmes dans les événements et s’accroche instinctivement au statu quo.

Le manager organise et met en ordre les choses que l’entrepreneur crée. Si l’entrepreneur met le bazar, le manager le nettoie. Tandis que l’entrepreneur innove, le manager construit une entreprise et une société. La tension entre les deux crée le mélange qui est à l’origine de tout grand travail.

Le technicien estime que si l’on veut que quelque chose soit bien fait, il faut le faire soi-même (one man show). Pour lui, il ne sert à rien de se contenter de rêver. Les choses sont censées être faites.

Alors que l’entrepreneur vit dans le futur et le manager dans le passé, la personnalité technique s’épanouit dans le présent, c’est-à-dire en ayant la capacité de sentir les choses et de les faire.

En théorie, l’entrepreneur lui fournit des tâches nouvelles et intéressantes, mais le problème est que la plupart de ces tâches ne sont pas compatibles avec le monde réel. Pour le technicien, l’entrepreneur l’empêche simplement de faire les choses qui doivent être faites en le faisant travailler sur quelque chose de nouveau qui n’a probablement pas besoin d’être fait du tout.

Un autre problème est celui du manager qu’il considère comme quelqu’un qui le réduit à une partie du « système », ce qui, pour lui, est déshumanisant et viole son individualité. Pour le manager, il n’est qu’un problème de plus à gérer. Pour l’un comme pour l’autre, l’entrepreneur est celui qui les a mis en difficulté.

Si l’entrepreneur (Leader transformationnel) vit dans le futur car c’est un visionnaire et un innovateur qui conçoit de nouvelles méthodes pour infiltrer et générer de nouveaux marchés, le manager (leader transactionnel) vit dans le passé. Si l’entrepreneur a soif de contrôle idéologique, le manager a soif d’ordre. Là où l’entrepreneur s’épanouit dans le changement, le manager s’accroche compulsivement au statu quo. Là où l’entrepreneur voit invariablement les opportunités dans les événements, le manager voit invariablement les problèmes.

Chacun d’entre nous a en lui un entrepreneur, un gestionnaire et un technicien, malheureusement, l’équilibre entre eux est difficile à atteindre. En Algérie, la majorité des gens qui dirigent des organisations sont composées pour chacun d’eux de 10 % d’entrepreneur, de 20 % de manager et de 70 % de technicien. Les dirigeants ne se sont pas élevés pour être des leaders transformationnels ayant pour chacun d’eux 70% d’entrepreneur, 20 % de manager et 10% de technicien.

Lorsqu’on analyse le caractère de décision des dirigeants des organisations algériennes, ils focalisent sur des décisions courantes. Il est clair que les dirigeants des organisations algériennes sont des techniciens qui ont engendré une crise entrepreneuriale qui a induit une régression continue dû à la mauvaise gestion de manière globale.

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