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Ammar Hadj Messaoud, Ing.; M.SC.

La maladie du système de gouvernance : l’inertie d’un management médiocre et d’un pouvoir politique (leadership) négatif

Ce qui est ironique, désolant et attristant, c’est lorsque ceux qui incarnent le pouvoir politique, les pilotes du système, affirment eux- mêmes que c’est un problème de système. Le comportement du système qu’ils pilotent est la rétroaction directe de leur cadre conceptuel, sur les plans du management et du leadership, qui n’est autre que l’intégration entre leur identité, leurs croyances et leurs compétences.

Un système de gouvernance, comme un individu, s’il est dépassé par le temps ne peut prétendre améliorer le présent ni garantir le futur. Napoléon a dit : « Les bêtes parlent du passé, les sages du présent et les fous du futur. » Les futurologues sont-ils fous ? Les visionnaires sont-ils fous ? Les porteurs de nouveaux paradigmes sont-ils fous ? Le peuple algérien est-il fou dans sa revendication de changer le système ?

Le système de gouvernance algérien est verrouillé sur la base d’un management médiocre et d’un pouvoir politique (leadership) fondamentalement négatif. Ce verrouillage est dû aux croyances ordinaires des dirigeants qui ne sont pas alignées avec les nouvelles croyances industrielles et institutionnelles pour une prospérité durable. Au fait, les croyances ordinaires constituent le vieux paradigme alors que les croyances industrielles et institutionnelles constituent le nouveau paradigme qui permet aux organisations de se placer dans le monde de la compétitivité mondiale par la création de la véritable richesse. Cette richesse (capital artificiel) dérive de la richesse de son capital humain (compétences) et la richesse de son capital social (cohésion sociale dans sa diversité.) Le système de gouvernance algérien est en régression continue. Le pouvoir politique algérien en faisant de son mieux, il détruit les deux conditions nécessaires pour la production de la richesse et la prospérité du peuple algérien, le capital humain et la cohésion sociale. Dans son vrai, la destruction de ces deux capitaux essentiels est le moyen par lequel il affirme sa raison d’être : maintenir son pouvoir politique.

Tout système malade n’est que le reflet de la maladie de ceux qui le pilotent, le pouvoir politique. En effet, la maladie du système de gouvernance algérien est une maladie systémique. Elle réside dans la non-intégration des matrices fondamentales de toute organisation, qui sont les aspects humains, organisationnels et techniques, c’est comme un tabouret. La stabilité du tabouret dépend de l’équilibre de ses trois pieds. Ainsi, la démocratie, la connaissance (compétence) et l’innovation sont le triptyque sur lequel repose un pouvoir politique positif, c’est l’équilibre entre l’efficacité et l’efficience en notant qu’on doit produire beaucoup de richesse avec peu de ressources à injecter.

Dans le même ordre d’idées, l’épanouissement et l’ennoblissement d’un humain réside dans l’équilibre de ce qu’il perçoit comme juste, l’honneur et la dignité. Par transitivité, son mode de pilotage génère les mesures qui conditionnent le comportement d’un système de gouvernance. Donc, les mesures d’évaluation sont la rétroaction numéro 1 du comportement d’un système et du niveau de maturité de ce qui est juste, digne et honorable. De la même façon, que ce soit pour le secteur industriel ou institutionnel, stratégie, tactique et exécution sont intimement liées et doivent être intégrées. La stratégie se rapporte au long terme, la tactique (le déploiement des moyens) au moyen terme et l’exécution au court terme en étant alignée avec la tactique et cette dernière avec la stratégie. C’est comme une boîte à vitesse à trois engrenages : si on touche à un pignon, il faut revoir les caractéristiques des deux autres afin que la boîte à vitesse reste fonctionnelle.

Mais ce qui est frappant lorsque j’écoute les gens qui incarnent le pouvoir politique est le fait qu’ils ne manquent pas de conseils sur la stratégie, c’est-à-dire le quoi. Étant porteur d’un autre paradigme, j’ai du mal à faire le lien entre les tactiques, c’est-à-dire le comment, qu’ils préconisent, et la stratégie. Il y a pénurie bien réelle concernant les tactiques nécessaires pour mettre la stratégie en place. Et, honnêtement, si nous ne savons pas les tactiques, alors comment diable peut-on vraiment connaître la stratégie qui va de pair avec la tactique ?  Stratégie et tactique sont intimement liées. Je trouve étrange qu’ils ne manquent pas de conseils sur le bien-être des institutions et des citoyens et qu’ils présentent, dans le même temps, une pénurie très apparente sur ce qui concerne les gens, c’est-à-dire les aspects humains, d’une part, et le comment-faire, d’autre part. Néanmoins, l’information existe, elle est pragmatique, Ils ont juste besoin de savoir où elle est et ils ont juste besoin de savoir comment en faire usage.

Beaucoup pensent que les énormes building et usines, avec leurs vitres en verre, leurs machines et leurs bruits ont une existence séparée des gens. Il n’en est rien. Les tenants du pouvoir politique algérien pensent que les structures existantes sont peuplées de gens (le peuple algérien) qui fonctionnent comme des accessoires dans une pièce de théâtre. Ce n’est pas vrai.  Les machines, les bâtiments, les Mercedes, le bruit et le ronflement sont des accessoires.  Les tenants du pouvoir politique composent la musique, tous les jours ils écrivent des partitions qu’ils jouent, et ensuite ils se demandent pourquoi les gouvernés n’aiment pas cette musique qui fait mal aux oreilles, et utilisent les moyens de leurs responsabilités fonctionnelles pour réprimer.

C’est avec la meilleure des intentions que les gens, les bonnes gens, ont pris notre pays nouvellement indépendant et 50 ans après l’ont rendu pire. Ils l’on ramené au stade de l’ère néo-païenne. Pouvez-vous l’imaginer ? Serait-ce le cas aujourd’hui ? Oui, dans à peu près tous les domaines de la vie, dans toutes les industries et services imaginables, y compris la santé, l’éducation et le système de gouvernance lui même. Sans une bonne connaissance, les gens, avec les meilleures intentions du monde, rendent les organisations pires. 95% des dysfonctionnements d’un système de gouvernance dérivent du mode du pouvoir politique et du mode du management.

Je dirais que les dramaturges des organisations institutionnelles continuent à écrire des tragédies, et comme on dit, ce serait drôle si elles n’étaient pas si tristes. Est-ce la seule chose dont ils savent le comment ?  Je ne le pense pas.  C’est un problème de personnes. Ce n’est pas « leur » problème mais « notre » problème, le peuple algérien.  Nous savons les choses que nous devrions faire et que nous ne faisons pas, et nous savons les choses que nous ne devrions pas faire et pourtant nous continuons à les faire.  Ce n’est pas sorcier mais cela exige de s’arrêter un moment de penser et d’être à l’écoute de ce qui se passe autour de nous. Toute tentative de vouloir solutionner le bourbier politique algérien sans intégrer au préalable un processus d’apprentissage pour un changement de perception est un leurre.

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